[00:00.000] 作詞 : Fanny Diercksen
[00:01.000] 作曲 : Fanny Diercksen
[00:19]Est-ce que tu as déjà eu le sentiment de rencontrer quelqu'un qui n'existait pas ?
[00:22]Ce genre de personnage fictif que tu croises dans un polar
[00:25]Qui te semble tellement réaliste et mille fois mieux dessiné que toi
[00:28]Parce que tu l'as créé en 3D dans ta carte mémoire
[00:31]C'est comme une ombre de spleen coloriée à l'encre noire
[00:34]Ou un croquis au fusain griffonné à main levée
[00:37]Avec une peau de papier où chaque pli serait un code barre
[00:39]Et t'oses pas lire entre les lignes, sinon tu vas les froisser
[00:41]C'est comme un hologramme que tu croises dans la rue
[00:43]Que tu regardes traverser, qui marche toujours devant toi
[00:47]Quand tu accélères pour le rattraper, pour lui parler, lui sauter dessus,
[00:50]Il avance de plus en plus vite, il avance au rythme de tes pas.
[00:53]Tu le cherches partout du regard, dans chaque foule, sur chaque trottoir,
[00:56]Sur chaque quai de chaque gare
[00:57]Parfois, tu l'entends rigoler, tu as l'impression qu'il est là, au fond du couloir
[01:00]Alors tu sors, tu allumes ton radar et "paf", Il a disparu, comme par hasard
[01:03]Puis la nuit, il te réveille en mettant tes rêves en sourdine
[01:05]Il s'agenouille au pied de ton lit pour chuchoter dans tes oreilles,
[01:07]Te parler de ta propre vie qu'il conna?t comme une vieille copine
[01:10]Toi tu restes figé à l'écouter, comme un lingot d'or platine
[01:13]Pendant ce temps, il relate tes faits et gestes qu'il a épiés.
[01:16]Il conna?t tes go?ts, tes peurs, les rages que t'as pas digérées
[01:19]Tes passions , tes rêves, les trucs que tu adores
[01:22]Et quand tu ouvres les yeux pour le faire taire, il se retourne et puis il s'endort
[01:51]C'est bon, tu me suis jusque là ? Il est partout, tout le temps, par tous les temps
[01:53]Il écoute aux portes et même à la serrure,
[01:54]Chacun de ses mots me fait l'effet d'un coup de poing dans la figure
[01:56]Sous mon armure de guerrière je cache les traces de ses blessures
[02:02]Il m'envoie des avions en papier qui se faufilent par mes fenêtres
[02:04]Et quand elles sont fermées, il me les glisse entre deux lettres
[02:06]Sur chaque aile il empile des poèmes qui se superposent
[02:08]Il dit que ses yeux picorent ma nuque qu'il a décrit dans sa prose
[02:13]Quand je chante sous la douche il fredonne les deuxièmes voix
[02:16]Il savonne mon corps en me fr?lant de ses dix doigts
[02:19]Les bulles multicolores s'envolent sous les gouttes d'eau
[02:21]J'ai comme l'impression qu'il me fait un lavage de cerveau
[02:22]Pour les pauses déjeuner il me fait croire qu'il vient manger
[02:24]J'réserve toujours des tables à deux qui finissent par être annulées
[02:26]Personne ne s'excuse, il n'y a que moi que ?a choque
[02:28]Et quand je commence à m'énerver il vient me dire que je débloque
[02:34]Parfois, il m'attend à la sortie du job avec des fleurs
[02:36]Mais quand je m'approche, il s'éloigne, comme si c'est moi qui lui faisais peur
[02:38]Quand je rentre chez moi, c'est pas rare qu'il soit déjà sur le canapé
[02:40]Et quand ma porte est fermée, il tourne en rond assis sur l'escalier
[02:53]Il n'est jamais vraiment là, mais moi je ne suis jamais vraiment seule
[02:56]Quand il n'est pas ici, c'est qu'il préfère voir d'autres gueules
[02:59]Qu'il se bat pour d'autres causes, qu'il recherche un autre emploi
[03:03]Qu'il crée d'autres psychoses avec son pouvoir sournois
[03:06]Je n'ai jamais touché sa peau, je n'ai jamais fr?lé sa paume
[03:08]Je n'ai jamais vu son ombre, il est aussi pale qu'un fant?me
[03:11]Quand j'avale mes médocs il s'assied dans le pas d'la porte
[03:14]Et il me fixe d'un air loufoque comme s'il me voyait déjà morte
[03:18]On a refait le monde pendant des heures attablés à des comptoirs
[03:21]Les gens me regardaient toujours attristés, comme si j'étais la veuve noire
[03:24]Quand on m'a dit que je parlais seule derrière mon verre de Martini
[03:27]Il a fini par me dire son nom, il s'appelait: Schizophrénie