簡(jiǎn)介: Barcella est un drôle d’oiseau prêt à s’envoler dès lors qu’on tente de l’attraper ; impos 更多>
Barcella est un drôle d’oiseau prêt à s’envoler dès lors qu’on tente de l’attraper ; impossible de le mettre en cage et de le ranger dans la moindre case musicale, Barcella n’aime pas être enfermé. Alors, il construit un puzzle où les onze chansons sont autant de pièces dissemblables rajoutées à l’ensemble. Cet artiste joueur s’amuse à nous balader dans son univers qu’il peint en mots et en notes depuis presque sept ans.
Sur ce troisième album, il déploie tous ses talents et ils sont nombreux : Cette langue déliée, unique, ces mots qui s’entrechoquent, double sens, lecture à double tranchant qu’il a aiguisée ici à son sommet. Poétique sans emphase, il développe un style avec un rythme vocal rien qu’à lui, entre la chanson, le hip hop et la poésie. D’une liberté totale, avec une vraie modernité et une intelligence de l’absurde.
L’explorateur qu’il est nous prouve par ce disque qu’il a su digérer les tristesses, les désolations et les erreurs (« Soleil »), en parle sans amertume, en accompagnant le tout de musiques enjouées et légères. Son disque est un éloge de la faiblesse, à la Bourvil, de drôles de portraits chinois bricolés ; Barcella ne revendique rien mais regarde le monde avec poésie, tendresse, un brin de nostalgie et un humour certain.
Chaque chanson comme des instantanés de la vie, images prises au lasso de ce virtuose du tempo ; où toutes les humeurs, tous les paysages avec leur ciel et leur soleil défilent à nos oreilles. Il n’est pas étonnant d’apprendre que Barcella place la photographie comme une de ses influences majeures : l’enfance vue à travers le regard de Robert Doisneau, que l’on retrouve notamment avec ce chœur d’enfants de la Chorale de Montbéliard sur les chansons « Fragile », « Sur la route » ou « Soleil ».
Ses portraits de femmes à la Diane Arbus, longue vue sur une jeune femme délicate prise dans un conte moderne (« Fragile »), ce « farfadet de l’univers » nous parle de la fragilité de l’amour à travers le regard de « Caroline » : « perché sur un fil dressé en équilibre les gens s’aiment, tout est si fragile dans cet esthétique circassienne »… au beau duo avec Emily Loizeau, à la voix si sensuelle sur « La poésie des roses ».
Sans oublier non plus l’hilarant duo avec Leeroy où ce Peter Pan de la plume joue de sa propre image avec une tendre ironie.
Le tout est un ensemble étincelant. Avec sa troupe dont le réalisateur chevronné Jeff Delort, Alexis Anérille au clavier (mais aussi au farfisa et au rhodes), Philippe Entressangle à la batterie, Marcello à la basse, David Lewis à la trompette sans oublier les scratchs de Robert Le Magnifique, il fait rythmer ses notes hautes en couleurs. Cela tape, cela rappe, cela cogne très fort sur ce disque pour donner de l’enchantement à l’ensemble.
On a hâte de voir ce qu’il va nous concocter sur scène avec ce nouveau disque, récent lauréat du Prix « révélation scène » de l’Académie Charles Cros, connu pour ses prestations endiablées et sa joie bondissante. Il faut pour cela attendre patiemment jusqu’au printemps et d’ici là : « Changer le monde à coup d’idées, chanter à l’ombre de rives et patauger dans des bacs à lettres pour poteler la beauté des êtres, espérer à n’en plus sourire, essayant l’espace d’un soupir de savourer la peur du vide pour goûter au bonheur de vivre » nous chante Barcella dans sa chanson « Soleil », hymne solaire de cet homme émouvant qui contemple la vie avec le regard émerveillé d’un enfant devenu grand.